Gérer ses émotions

Gérer ses émotions


Pour gérer ses émotions,

il faut d'abord se redonner le droit de ressentir

la joie, la tristesse, la colère et la peur sans honte ni culpabilité.



A sa naissance, l'être humain dispose de quatre émotions de base, quatre émotions " naturelles " :

la joie,

la colère,

la peur et la tristesse.

La joie sert de moteur à l'envie de vivre et de progresser. Elle est source de motivation et de santé. (La médecine découvre actuellement à quel point le moral joue un rôle important dans le pouvoir de guérison.)

La colère sert à chasser l'intrus, à trouver et à mettre ses limites, bref à défendre son territoire et ses valeurs.

La peur signale un danger qui nécessite la mise en place d'une protection ou une nouveauté qui demande plus d'information et de préparation.

La tristesse permet de clore une période de vie et de " tourner la page ". Elle est adéquate à chaque fois que nous avons un " deuil " à faire, que ce soit d'une situation ou d'une personne.

Dans chaque famille, il existe des émotions " autorisées " et des émotions " interdites " et chacun d'entre nous, enfant, a reçu une " éducation " des émotions.

Il est à noter également qu'un code social de répartition des émotions entre les deux sexes est encore en vigueur aujourd'hui. On interdit encore trop souvent la colère aux petites filles et la tristesse et la peur aux petits garçons.

Prenons le cas d'une famille où la tristesse est une émotion " interdite " (souvent parce qu'elle entrerait en résonance avec toute la tristesse stockée et refoulée des parents). Lorsque l'enfant pleure tristement, il va provoquer des attitudes " anti-tristesse " chez ses parents :

La honte : " Tu es ridicule de pleurer comme ça ! "

Le déni : " Il n'y a aucune raison d'être triste pour si peu !"

La culpabilisation : " Arrête, ça me rend malade de te voir te mettre dans cet état" !

La peur : " Si tu continues, tu vas pleurer pour quelque chose" !

Le pansement : " Ne pleure plus mon chéri, Maman va t'acheter une glace, d'accord ? " Etc.

Il y a quelques années, mon petit garçon debout sur un balcon au 5e étage me demanda :

" Dis Maman, tu serais en colère si je tombais en bas et que je serais mort ? "

" Non, mon chéri. Je ne serais pas en colère, je serais triste. " répondis-je interloquée.

" Et bien moi, je préfère être en colère, ça m'empêche d'être triste! " conclut-il fièrement.

Je réalisais à cette occasion qu'il était déjà programmé à refouler la tristesse et me dépêchais de lui redonner verbalement le droit d'être triste, droit qu'il utilisa dès le lendemain matin.

Au milieu du petit-déjeuner, il éclata en sanglots. Il avait, quelques jours plus tôt effacé sa cassette préférée en faisant une fausse manoeuvre et en était inconsolable. Sa mauvaise humeur et ses colères des jours précédents s'expliquaient enfin !

Mais je fus surtout troublée de constater que j'avais fort bien supporté cette mauvaise humeur et que ses gros sanglots me vrillaient le coeur et me donnaient une envie brûlante de me ruer dans un magasin acheter au plus vite un nouvel exemplaire de la dite cassette, selon la technique du " pansement ". L'interdit de la tristesse m'appartenait et j'étais en train de le transmettre malgré mes beaux discours de surface ! Les points colère Il existe ainsi toute une panoplie d'attitudes " anti-joie ", " anti-peur ", " anti-colère " ou " anti-tristesse ".

Peu à peu, l'enfant va ressentir de la honte et de la culpabilité (nouvelles émotions) à ressentir l'émotion interdite et apprendra à la refouler (donc à la stocker) et n'utiliser que les émotions autorisées pour communiquer voire pour manipuler son entourage.

Mais que devient l'émotion interdite, refoulée et stockée ? Et bien, elle est régulée par un système mental très proche des cartes de fidélité.

L'émotion interdite, refoulée et stockée est régulée par un système mental très proche des cartes de fidélité Si, par exemple, la colère m'est interdite, je vais collectionner des " points colère ", à chaque agacement refoulé et remplir progressivement ma carte. J'aurai droit à une colère " cadeau " lorsque la carte sera pleine. Dommage pour celui qui me donnera le dernier point, il devra affronter une colère totalement disproportionnée avec l'incident qui l'aura provoquée ! La culpabilité et la honte d'avoir " éclaté " me fera préparer la nouvelle carte.

Pour gérer ses émotions, il faut d'abord se redonner le droit de ressentir la joie, la tristesse, la colère et la peur sans honte ni culpabilité puis apprendre à écouter le message que l'émotion nous transmet.

De quoi ai-je peur ?

Comment me protéger ?

Qu'est-ce qui a provoquée cette tristesse que je ressens depuis ce matin?

De quoi ou de qui ai-je un deuil à faire ?

Ce grondement sourd de colère dans mes veines, quelle intrusion sur mon territoire me signale-t-il ?

Où était la limite qui vient d'être dépassée ?

Comment la remettre en place ?

Et cette joie simple d'entendre les oiseaux chanter, de voir le soleil briller, pourquoi ne pas la savourer à pleins poumons ?

Christel Petitcollin


07/12/2006
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