Le conte d'une papillonne en devenir

(Un conte que nous fait partager Vera)

LE CONTE D'UNE PAPILLONNE EN DEVENIR ET QUI VOULAIT RAYONNER VERS LES AUTRES.

Il était une fois, au pays des papillons, une chrysalide qui se sentait perdue dans sa tête et dans son corps. Quand elle scrutait l'horizon, elle y découvrait des tas de papillons.

Parmi ces papillons il y en avait qui ne « ressemblaient à rien » se disait cette jeune chrysalide; d'autres avaient gardé les scories d'un passé bien douloureux ( certains s'étaient cassé les ailes à force de se heurter aux autres et à eux-mêmes ; d'autres s'étaient brûlé les ailes à force d'ambitions... ). Et puis il y en avait de très beaux, ceux-là étaient épanouis, la beauté de leurs ailes réfléchissait leur bien-être, leur joie de vivre dans le respect d'être ce qu'ils étaient; c'est à ceux-là que cette papillonne en devenir voulait ressembler. C'était bien là son problème! Car pour l'instant, elle se pensait ne ressemblant à rien.

Ses parents l'avaient baptisée Espérance, mais elle se désespérait beaucoup. Il lui semblait impossible de devenir un jour une papillonne épanouie alors qu'elle le désirait très fort dans son coeur et dans ses tripes (comme on dit au pays des papillons).

Espérance pensait beaucoup à son avenir en voulant panser son passé déjà bien rempli de douleurs et de violences. Pour cela elle décida de consulter un psychiâtre papillon renommé dans sa région. Elle expliqua à ce dernier qu'elle ne voulait plus vivre si c'était pour devenir une papillonne qui ne « ressemble à rien ». Ce psychiâtre la jugea dépressive et lui prescrivit un médicament pour aller mieux, pour masquer la douleur morale qu'elle éprouvait. Elle retourna le voir plusieurs fois, malgré l'opposition de ses parents qui lui disaient « tu perds ton temps et notre argent, contente-toi d'être un papillon comme nous ! On s'en sort très bien ».

Espérance se sentit profondément blessée par ces propos; elle, elle savait bien qu'elle voulait autre chose pour sa vie, pour elle. Elle en parla à son psychiâtre qui lui demanda ce qu'elle voulait vraiment. Elle lui expliqua : « je voudrais me sentir mieux dans ma peau » lui, il lui demanda si les médicaments l'y aidaient et décida d'augmenter la dose. Devant cette réponse de la part du psychiâtre, elle ne se sentit pas entendue et cessa d'aller le consulter.

Mais elle se sentait toujours aussi mal au fond d'elle, sinon plus après que ses parents lui aient dit « tu vois on avait bien raison, les psy ça sert à rien! et puis tu penses trop à toi! ». Espérance se sentait étouffer, là dans ce cocon.

 

Elle ressentait beaucoup de colère ; colère envers ses parents qui eux avaient accepté d'être des papillons qui ne « ressemblent à rien » (sur « conseils » de leurs propres parents), colère envers son grand-père aussi, qui ne comprenait pas qu'elle ne se confie pas à lui, lui qui avait vécu et qui savait tout de la vie (c'est ce qu'il pensait), et puis de la colère elle en avait pour d'autres choses mais aussi et surtout contre elle.

Elle se sentait en colère envers elle car elle acceptait que ses proches la définissent, et de ce fait, Espérance se trouvait aussi beaucoup trop obéissante et gentille comme il convient de l'être dans de nombreuses familles papillon. Elle éprouvait de la colère envers elle aussi parce que pour survivre, elle avait trouvé un moyen, qui certes lui permettait de se protéger d'un entourage trop envahissant mais, qui ne lui autorisait pas non plus l'épanouissement qu'elle recherchait.

Elle avait transformé son cocon en forteresse en y ajoutant des fils bien entremêlés, des clous bien enfoncés, qui ne donneraient à personne l'occasion de la détruire, s'imaginait-elle. Mais dans cette fausse carapace, l'espace devenait trop petit pour y mettre elle et ses colères, alors depuis longtemps elle les ravalait ses colères.

Et à force de les ravaler, elle finit par devenir trop grosse pour pouvoir sortir de cette forteresse qu'elle s'était construite elle-même. Les fils et les clous autrefois ses alliés, la serraient trop fort et la piquaient à présent. Réalisant cela Espérance se sentit profondément triste...et en colère! Elle se mit alors en quête de bonheur, essayant de régler certaines choses du passé.

Elle décida d' essayer plusieurs méthodes qui existent au pays des papillons. Et chemin faisant, je crois qu'elle a trouvé son cap, car aux dernières nouvelles, Espérance a croisé sur son chemin un papillon aux ailes rayonnant le bien-être et qui l'aide à vider son « sac » plein de colères et de peurs, sa « forteresse » pleine d'incertitudes et de doutes. Elle apprend à s'accepter telle qu'elle est, elle sait que le chemin sera long et douloureux. Mais elle y travaille. Car ce qui importe le plus à Espérance, c'est de respecter son rêve d'enfant : devenir à son tour un papillon dont les ailes reflètent son bien-être, une papillonne qui rayonne vers les autres.

Alors elle garde le cap Espérance !

Céline M.



06/01/2007
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